Premiers pas dans l'État de Bahia
- Diane Arnould
- 21 juin 2019
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 17 avr. 2022

Quelques jours à Cabo Frío, Arraial do Cabo et Búzios achèvent ma visite de l'état de Rio. Pour le moment si vous avez suivi mon parcours sur une carte vous noterez que j'ai traversé neuf états (Minas Gerais, Distrito Federal, Goias, Mato Grosso, Mato Grosso do Sul, Santa Catarina, Parana, Sao Paulo et Rio). Cette fois, tout comme j'avais décidé de laisser de côté le Rio Grande do Sul je ne m'arrête pas non plus dans l'état d'Espiritos Santos. J'arrive donc directement dans l'état de Bahia. Je passe une semaine à Caraiva, le village (une île en réalité) le plus ancien du Brésil, découvert par les Portugais en 1530. Le temps semble s'être arrêté depuis. Les rues sont toujours en sable et les mulets utilisés pour transporter les marchandises. Les maisons colorées, l'église atypique, et la place principale où les Brésiliens se retrouvent pour jouer aux dominos confèrent au lieu un charme fou. Tout le monde s'accorde à dire que la grande différence à Caraiva est le rythme quotidien: le temps semble s'égrener au ralenti mais à la fin de la journée on se rend compte de tout ce qu'on a fait. Caraiva c'est aussi le lieu de la deuxième chance pour beaucoup, et notamment beaucoup de Mineiros. Comme ils aiment le dire, Bahia c'est un peu le Minas Gerais avec la mer en plus. Sur l'île je rencontrerai donc d'anciens habitants de Belo Horizonte venus dans ce "bout du monde" pour tout redémarrer dans la simplicité car on est forcément loin du confort de la ville. L'électricité a été installée depuis quelques temps maintenant mais cela reste très rudimentaire. De mon côté je pousserai même plus loin, en étant logée dans le village avec la communauté indienne Pataxó par celle qui tient la bibliothèque. Tous les matins je reçois la visite des petits indiens qui partent vendre leur artisanat au village principal. Souvent lorsqu'ils reviennent ils passent réclamer un verre d'eau, des bananes ou des biscuits. Le lendemain ils arrivent avec un poulet ou un poisson fraîchement péché, ici l'entraide est à l'honneur. A Caraiva on ne s'ennuie pas, de nombreuses activités sont proposées : capoeira, danse afro, forró, samba, lambada, il y en a pour tous les goûts et au village Pataxó en ce mois de juin on s'entraîne à danser le quadrilho pour la fête de la St Jean qui approche. Avant mon départ je me rends à la réserve Porto do Boi à quelques kilomètres de là. Deux fillettes de la tribu me font visiter, en sautillant d'un pied sur l'autre. Elles me montrent comment leurs jupes sont confectionnées à partir de certaines plantes et me feront même essayer mais riront gaiement devant mon échec (pas facile de faire sortir la fibre de la plante quand vous n'avez pas d'expérience, croyez moi!). Quelques minutes plus tard elles me peignent le visage et me proposent de faire un rituel de rapé. Un indien s'assoit en face de moi et me souffle alors un mélange d'herbes et de tabac dans chaque narine à l'aide d'une grande pipe. La sensation est désagréable. Rapidement mon corps se met à trembler, j'ai des sueurs froides et tout bouge terriblement autour de moi. L'indien m'avait prévenue bien-sûr, le rapé créé une baisse de tension soudaine et chacun réagit à sa manière, certains vomissent, d'autres ont la diarrhée. Pour ma part je me dis que je m'en sors pas si mal donc. Mais à quoi sert ce rituel me direz-vous? Pour se détendre, se "vider l'esprit" et se connecter à la Terre et aux éléments/esprits. Eux le pratiquent parfois plusieurs fois par jour... pour ma part une fois suffira!









Je quitte finalement Caraiva pour Arraial d'Ajuda et Porto Seguro, berceau de la lambada et surtout première découverte des Portugais.














Puis j'arrive à Itacaré, mon autre coup de cœur. Tout en simplicité, je retrouve ici l'Amérique du Sud de l'année dernière, celle qui me touchait par son amour et sa générosité. Il se dégage de ce lieu une énergie indescriptible mais qui se ressent. J'erre dans les rues, je capture le sourire innocent des enfants qui jouent, de leurs pères partis pêcher, et le soir tombant je me laisse aller devant une ronde de capoeira improvisée.








Quelques jours plus tard je pris la direction de l'île de Boipeba. La destination est connue mais pas encore autant que Morro de Sao Paulo à côté. Puis j'ai mis le cap sur Salvador hier.











Bien-sûr, qui dit nouvel état dit nouvelles traditions. Ici à Bahia, beaucoup d'artisanat notamment des ustensiles de cuisine en bois et des bijoux en capim dourado ou buriti (plantes dont la couleur se rapproche de l'or). Au niveau culinaire j'ai goûté l'acarajé (beignet frit aux crevettes avec une sauce d'ici et relevé ou non) et la cocada (un dessert que l'on peut emporter partout, à base de coco). Me reste encore entre autre la moqueca (plat mijoté surtout à base de poissons) et de nombreux fruits. A savoir aussi que les noms des aliments changent parfois d'un état à l'autre! Ici on appelle la tapioca "beiju" et le manioc "aipim" je continue donc mon apprentissage du portugais en m'adaptant (finalement comme l'année dernière en passant d'un pays à l'autre). Arrivant dans l'état de Bahia j'en ai aussi profité pour percer le mystère de la Bahianaise que l'on voit partout sur les rebords des fenêtres, la main soutenant le menton, comme si elle attendait quelque chose. Cela a bien faire rire la brésilienne à qui j'ai posé la question. Elle attend son homme, m'a t-elle répondu ! Ici, à Bahia le temps passe au ralenti, alors elle attend, parfois longtemps, trop longtemps et elle se remit à rire!
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