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L' Amazonie

  • Photo du rédacteur: Diane Arnould
    Diane Arnould
  • 4 oct. 2019
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 avr. 2022


Arrivée à Manaus je réalise que la fin approche. Je ressors ma carte et l'anote d'un ultime point, la boucle est bouclée après sept mois et demi.


Manaus, fin du voyage mais aussi porte d'entrée de la forêt Amazonienne où je décide de passer quelques jours. Deux transferts en voiture et autant en bateau à moteur m'amèneront quatre heures plus tard dans ce coin reculé et pourtant tellement affecté par les décisions humaines. Durant les cinq nuits sur le fleuve et au moment où j'arrive je ne vois ni flammes ni fumée, je ne peux que deviner ce qui est largement diffusé et relayé par les médias. Un désastre écologique dont tout le monde ne cesse pourtant de nier la responsabilité. Les feux de forêt ne datent pas d'hier dans la région, et sont dus aux brulis. Cela consiste à bruler une aire forestière pour la transformer en aire agricole. Mais si ces feux étaient "controlés" et à la baisse depuis plusieurs années, la courbe s'inverse et prend des proportions alarmantes depuis l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro. Les Brésiliens sont partagés, certains minimisent la situation, tandis que d'autres sont anéantis et se sentent seuls et impuissants pensant à tort que la catastrophe n'est pas diffusée outre-mer. J'imagine que depuis la réunion du G7 leur opinion aura au moins changé sur ce point.

Certains s'inquiétaient que je ne m'aventure dans cette région alors que des incendies se déclaraient par milliers chaque jour mais cela ne faisait que renforcer mon désir de connaître ce qui allait bientôt disparaître pour toujours. Je passerai le premier soir dans la jungle avec trois autres touristes et notre guide local, n'emmenant avec moi qu'un hamac avec moustiquaire, primordial dans la région! Fatigués de notre voyage nous tombons comme des mouches et nous réveillons à l'odeur alléchante du repas. Notre guide, surveillant la cuisson d'un œil est maintenant en train de nous confectionner des dessous de plats et assiettes au moyen de feuilles qu'il entrelace et des cuillères en bois qu'il taille à la machette. On oublie les tuperware et les couverts en plastique, je ne pouvais rêver mieux! Puis on retourne rapidement dans les bras de Morphée, bercés par le "doux" son des singes hurleurs. Cette nuit personne ne s'aventurera pour aller aux toilettes, ce ne sont que des singes mais on dirait des rugissements. Au petit matin le réveil dans la jungle à quelque chose de surréel et nous réalisons la chance que nous avons. Nous quittons le campement et partons pour une heure et demie de marche durant laquelle notre guide se fait un plaisir de nous montrer oiseaux, paresseux, tarentules et espèces d'arbres en tout genre. "Celui là on l'utilise en cas de migraine, celui là pour des douleurs à l'estomac, celui-ci pour dégager les bronches", l'Amazonie c'est le poumon vert du monde et c'est aussi sa pharmacie naturelle, mais il faut de sacrées connaissances car la variété au mètre carré est impressionnante. De temps en temps il entaille les arbres comme un maître illustrerait son cours de travaux pratiques et se dégage alors une odeur mentholée ou bien coule une pâte blanche à mettre sur la langue. Il a remarqué que j'étais du genre à tout essayer alors il s'amuse à dire mon nom à chaque coup de machette, je suis devenue le cobaye du jour. Lorsqu'il s'agit de grimper rapporter de l'açaï par contre, je passe mon tour!! C'est le seul trek que nous effectuerons durant ces trois jours, le bateau à moteur sera ensuite préféré pour s'aventurer dans les igapo, ces zones inondées et marécageuses de l'Amazonie. Il faut dire que j'arrive juste après la saison des pluies et cela n'est pas un hasard, (vous aurez remarqué que tout mon parcours a été calculé) c'était un des phénomènes que je désirais absolument voir! A l'ombre sous ces grands arbres c'est un autre monde qui s'offre à nous, le moteur laisse place à la rame et nous glissons au fil de l'eau se baissant à chaque liane. Soudain le guide arrête l'embarcation et grimpe à un arbre. Il redescendra quelques minutes plus tard avec un paresseux dans les bras. Les couchers de soleil sur le lacs sont aussi un spectacle à part entière. L'occasion d'apercevoir des botos pour les plus chanceux mais décidément toujours pas mon cas. En période sèche on peut d'ailleurs voir beaucoup plus d'animaux : cervidés, capivaras, caïmans etc traversent toutes ces zones où nous passons aujourd'hui en bateau. Il n'y a donc pas de bonne ou mauvaise saison pour découvrir l'Amazonie, simplement essayez d'éviter les pluies torrentielles.


De retour à Manaus, le contraste est frappant. Je déambule dans la capitale de l'État de l'Amazonas en tentant d'éviter le tumulte. J'en profite pour visiter le magnifique théâtre de la ville, un des plus anciens du Brésil : tout simplement majestueux! Il faut savoir qu'à l'époque Manaus était considérée comme la ville la plus développée du Brésil et une des plus prospère au monde. Vous vous demandez peut-être d'où vient cet argent qui a servit à l'essor de Bélem, Manaus et ces autres villes du nord et qui a notamment permis la construction de tels bâtiments ou réseaux électriques? Tout simplement de l'industrie du caoutchouc qui connue son apogée entre 1879 et 1912 et revint dans les années 40. A cette époque le caoutchouc était exclusivement produit en Amazonie (notamment Brésil, Bolivie et Pérou) et sa demande explosa pour répondre aux besoins de la révolution industrielle européenne. Cela résulta même dans un conflit entre le Brésil et la Bolivie pour la question de la région d'Acre à l'ouest du Brésil et anciennement bolivien, et le latex donna son nom à la capitale de cette région (Rio Branco: fleuve blanc) de part l'exploitation de l'or blanc au bord du fleuve. Plus tard, c'est la Seconde Guerre Mondiale qui donnera un nouveau souffle à l'industrie.

Le seringalista était le propriétaire du domaine. Il jouissait de tout le confort nécessaire et sa maison était richement décorée de meubles et objets en provenance d'Europe.

Le seringueiro, lui, était celui qui extrayait le latex qu'on appelle borracha en portugais. Il utilisait d'ailleurs cette matière première comme monnaie de troc pour ses achats du quotidien sauf que celle-ci était toujours dévaluée. Ainsi, sans cesse endetté, le seringueiro n'avait d'autre choix que de se tuer à la tâche pour rembourser sa dette "irremboursable". Les conditions de vie étaient même considérées pires que celles des esclaves car au moins ces derniers bénéficiaient d'une attention minimum de leur maître afin de les maintenir en vie ce qui n'était pas le cas des seringueiros. Beaucoup d'entre eux ne revenaient d'ailleurs pas vivant de leurs expéditions dans la jungle, victimes de la malaria, fièvre jaune, hépatite ou d'attaques d'animaux sauvages.




 
 
 

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