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La route des émotions

  • Photo du rédacteur: Diane Arnould
    Diane Arnould
  • 25 août 2019
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 avr. 2022


Après Recife et Olinda j'ai décidé de ne pas m'arrêter à la plage de Pipa ou Natal. Après autant de mois à découvrir le Brésil je pense que j'ai déjà vu pas mal de belles plages et cela n'était pour moi qu'une de plus. J'ai donc pris directement la direction de l'Etat du Céara où je me suis arrêtée quelques jours à Fortaleza chez une brésilienne rencontrée à Recife. Après cette petite pause, j'ai commencé la route des émotions comme on l'appelle, depuis Jericoacoara.


"On ne peut qu'aimer Jeri!", c'est ce qu'on entend souvent... Moi pour être honnête j'avais un peu peur. Les endroits "surtouristiques" en général ce n'est pas trop ma tasse de thé. Et on ne peut pas le nier, ce village de bord de mer coincé au milieu des dunes est touristique. Pourtant le charme opère dès le premier soir. Je profite de la brise pour me promener jusqu'à la Pedra Furada, j'évite les touristes qui font la queue devant la fameuse pierre pour leur collection de selfies et je poursuis mon chemin. Jeri c'est le paradis des kitesurfeurs et j'en prends plein les mirettes. Le vent, même le soir, fait décoller leurs planches. Les planches à voiles aussi d'ailleurs, ce n'est pas pour les débutants! L'endroit est apaisant, quelques chèvres sont également de sortie sur la falaise. Sur le chemin du retour, les calèches d'ânes et chevaux me dépassent, transportant les touristes. Moi je prends mon temps, le ciel prend une teinte orangée, puis rosée, je me sens apaisée. De jour comme en soirée Jeri bouge au rythme des musiques live dans presque tous les restaurants. On l'entend jusque sur la plage principale où je me rends chaque soir lorsque la chaleur est plus supportable. Je pourrais passer des heures à admirer l'ombre des bateaux à marée basse, à demi éclairés par une poussière d'étoiles. Oui, à Jeri le ciel n'est pas aussi étoilé qu'à Caraiva mais il est tout aussi magique croyez-moi! Mais pour apprécier tout le potentiel du Parc Naturel il est bon de louer une moto ou un buggy et ainsi s'offrir l'immensité des dunes, la beauté des mangroves de Guriú et le plaisir de se baigner dans les lagons.



Après la traversée du fleuve, le voyage se poursuit à Camocim et pour ceux qui le souhaitent, sur le Delta Parnaiba (ou Delta das Americas comme on l'appelle dans l'État voisin). Mais la plupart optent pour un aller direct à Barreirinhas: porte d'entrée des Lençóis Maranhenses, 1550km2 de dunes et lagunes qui de par cet aspect de draps froissés donnent son nom au parc (lençóis est dit draps en portugais).


En ce qui me concerne j'ai prit le bateau de Barreirinhas jusqu'au village d'Atins "la petite Jeri" et visité le parc depuis là. Différentes options sont proposées pour tous types de budget: tour en 4x4 à la journée, trekking 2J/1N, trekking 3J/2N, balade à cheval ou survol en avion (depuis Barreirinhas).

Mes ligaments n'étant toujours pas remis il m'était impossible de faire beaucoup de kilomètres dans le sable, j'ai donc opté pour le tour en 4x4 mais le déconseille si possible car l'expérience parait alors très semblable à Jeri. Si vous avez le cœur accroché je pense que le survol en avion vaut vraiment le coup (coût 350 reais)


A noter: la meilleure saison pour s'y rendre est juillet/août lorsque la saison des pluies vient de passer, les lagunes sont alors bien remplies, l'eau n'est pas trouble et il ne pleut plus.

Si c'était à refaire je ne m'arrêterais également pas à Parnaiba car la végétation du Delta est la même que sur le trajet Barreirinhas/Atins.



La route des émotions s'achève à São Luis, autre coup de cœur. Surnommée la ville des azulejos elle est la seule ville brésilienne qui fut construite par les français. Pour autant l'influence architecturale n'est que portugaise car les français n'y sont restés que trois ans. La ville, qui est en réalité une île, devint capitale de l'État du Maranhão après la chute d'Alcântara, en face, sur le continent. C'est la crise du coton qui obligea les riches familles à quitter Alcântara pour São Luis, laissant derrière eux leurs esclaves pour réduire les coûts au maximum. L'ancienne capitale tomba alors rapidement en désuétude, dirigée par des ex-esclaves qui ne savaient pas s'y prendre. Aujourd'hui se côtoient encore ruines et casarões (anciennes maisons de maîtres), dans un but de préservation du style de l'époque.

Dans ce même esprit, le centre ville de São Luis est protégé et un projet (Reviver) a vu le jour pour redonner une deuxième vie aux bâtisses d'autrefois même si certaines d'entre elles sont laissées à l'abandon.

São Luis est très riche culturellement. On la surnomme la Jamaïque brésilienne tellement le reggae a envahit l'île, la différence étant qu'ici on le danse en couple! On l'appelle alors coladinho ou agarradinho, cela ressemble au forró mais est plus lent et sensuel. Et si l'envie vous prend vous pouvez participer au marathon du reggae...

Vous n'êtes pas trop reggae? Aucun problème! Vous pouvez apprécier le son du tambor crioula sur la place, et au Maranhão les festivals ne manquent pas : carnaval, espirito divino santo ou le fameux Bumba Meu Boi! Ce dernier je l'ai manqué de peu et ici il est aussi, voire plus, célébré que le carnaval. La légende raconte que Catarina, esclave dans une fazenda demanda a son mari lui même esclave de lui ramener la langue d'un bœuf, prise d'une soudaine envie de femme enceinte. Son mari tua le bœuf pour satisfaire la demande de sa femme et le maître demanda à ses hommes et aux indiens de tuer l'esclave pour le punir. Par chance, un guérisseur réussit à redonner vie à l'animal et tout rentra dans l'ordre. Lors de cette fête, tous les personnages sont représentés. Le costume du bœuf est une pièce unique, cousue et brodée à la main et jamais ré-utilisée d'une année sur l'autre dans l'idée que le renouveau du costume est la résurrection de l'animal.

En termes de religion c'est un beau mélange! Un mixte de catholicisme, de culture africaine et indienne. On retrouve le candomblé mais aussi les terreiros comme par exemple le tambor de mina.



Et que mettons dans l'assiette sur le littoral nord? Crabes, crevettes, et poissons en général de part la proximité avec la mer et les mangroves. Le cuxá (riz aux crevettes séchées, farine de manioc et herbes séchées), vatapá et mocotó (jarret) sont d'autres spécialités du Maranhão.


Cette route m'aura fait traverser les États du Ceará, Piauí, et Maranhão. Prochaines et dernières étapes: Pará et Amazonas. Mon seul regret est de laisser de côté le parc Chapada das Mesas au sud du Maranhão et l'État du Tocantins (notamment son parc Jalapão) mais cela s'avérait onéreux pour la fin de voyage...

 
 
 

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